Originaire de Tlemcen, cette robe a d’abord pris la forme d’une gandoura ample et simple. Mais après la Seconde Guerre mondiale, elle se métamorphosa, arborant des perles scintillantes sur la poitrine, un fil élastique à la taille, et des manches plus ajustées. La blousa devint ainsi un chef-d’œuvre de l'art vestimentaire, où l’harmonie des influences berbères et arabes se mêlait dans une danse de tissus luxueux et de broderies minutieuses. Elle était bien plus qu’un simple vêtement, elle était l’héritage vivant de tout un peuple, un art que chaque couturière transmettait de mère en fille.
Dans les régions de l’Oranie, notamment à Oran, la blouza occupait une place de choix, notamment dans le trousseau de la mariée, où elle devenait un symbole de bonheur et de prestige. Parfois, elle était louée, parfois empruntée, mais elle restait toujours l'élément central des grandes cérémonies comme le Tasdira, le jour du mariage. Cependant, les temps changeaient et, petit à petit, la blouza s’éloignait de la vie quotidienne, portée principalement lors de grandes occasions, tout en restant ancrée dans les cœurs des Oranaises.
Mais voilà, comme toutes les traditions, la blouza se retrouva face à un dilemme moderne. Les copies bas de gamme, réalisées sans respect des techniques ancestrales, envahissaient les étals des marchés. Pourtant, les véritables artisans de l’Oranie, ces couturières au savoir-faire rare, gardaient précieusement leurs secrets, leur art, et sublimaient encore cette pièce unique, en la réinventant pour les jeunes générations. Des créateurs innovants introduisaient des cols bateaux modernes, des broderies en perles fines, et des jupons fluides, tout en préservant l’essence même de la robe.
Les défilés de mode, notamment à Dubaï, en Italie ou en France, ont vu la blouza oranaise refleurir, portée par des mannequins et des artistes, réaffirmant ainsi son statut de pièce incontournable. Mais pour qu’elle ne perde pas son âme, il fallait qu’elle reste fidèle à ses racines et que les nouvelles générations de créateurs continuent à la porter avec respect. La blouza Mansouria n’est pas simplement une robe : elle est un pont entre les siècles, un trésor que chaque couturière, chaque créatrice, chaque femme, porte et transmet à sa manière.
Alors que la mode contemporaine redécouvre cette œuvre d’art vestimentaire, il est vital de préserver ce patrimoine immatériel. La blouza, plus qu’un simple vêtement, est un hommage vivant à la culture algérienne. À travers chaque fil, chaque perle, chaque motif, elle raconte une histoire : celle de l’Algérie, de ses traditions et de l’artisanat qui la définit. Plus qu’un simple vêtement, la blouza est une véritable partie d’âme, un héritage à chérir et à transmettre, pour que les générations futures n’oublient jamais d’où elles viennent.
Aujourd'hui, la blouza Mansouria ne se contente pas d’être un simple trésor culturel. Elle fait partie intégrante du patrimoine immatériel de l’humanité inscrit par l’UNESCO, soulignant son importance non seulement pour l’Algérie, mais pour l’humanité tout entière. Ce classement témoigne de la reconnaissance internationale de cette tenue emblématique, symbole vivant des traditions, du savoir-faire artisanal et de l’identité culturelle de l’Ouest algérien. En devenant un bien mondialement reconnu, la blouza Mansouria invite chaque génération à la préserver et à la transmettre, pour que sa beauté et son histoire continuent de briller à travers les âges.