Depuis près de deux décennies, la maison Chanel célèbre les artisans d’exception avec lesquels elle collabore – brodeurs, plisseurs, chapeliers, bottiers – à travers des collections qui voyagent dans l’espace et le temps. Après Bombay, Dubaï, Rome ou encore Hambourg, Karl Lagerfeld pose cette fois ses valises dans l’Égypte des pharaons.
C’est dans l’écrin grandiose du Temple de Dendour, reconstitué pierre par pierre à l’intérieur du Met, que Chanel a choisi de faire défiler sa collection. Ce temple antique, offert par l’Égypte aux États-Unis après avoir été menacé par la construction du barrage d’Assouan, est devenu le théâtre sacré d’un défilé aussi spectaculaire que symbolique.
L’Égypte antique continue de fasciner, notamment à travers ses reines légendaires – Néfertiti, Hatchepsout, Cléopâtre. Chanel s’en empare avec subtilité, convoquant l’iconographie millénaire de cette civilisation : bijoux opulents, dorures, kohl noir soulignant les yeux de biche… mais toujours avec la modernité propre à la griffe.
Sur le podium, l’Égypte se mêle au vocabulaire Chanel. Le tweed iconique se pare d’or ou de blanc ivoire, les mini-jupes évoquent les coiffes des masques funéraires, les drapés rappellent les tuniques antiques. Les bijoux sont imposants, les sandales dorées, les broderies évoquent les fresques murales des tombeaux royaux.
Karl Lagerfeld, maître de l’assemblage des références, fusionne les symboles : œil Oudjat, scarabées, pyramides stylisées côtoient les boutons perles et les vestes structurées de Gabrielle Chanel. Le résultat ? Une collection aussi exotique que contemporaine, un voyage à travers les âges où l’élégance ne cède jamais à l’excès.
Le défilé, comme toujours chez Chanel, a attiré une constellation de célébrités. Marion Cotillard, Penélope Cruz, Diane Kruger, Julianne Moore et Pharrell Williams – égérie de la maison – étaient présents pour assister à ce moment suspendu dans le temps. Pharrell a même défilé, vêtu d’un ensemble doré pharaonique, affirmant l’universalité du style Chanel.
Au-delà du faste, ce défilé rend hommage à la transmission, au dialogue entre les cultures et aux savoir-faire d’exception. Il raconte aussi le fantasme de l’Égypte éternelle dans l’imaginaire occidental, et la capacité de la mode à réinterpréter les civilisations sans les figer. À 85 ans, Karl Lagerfeld prouvait une fois de plus qu’il restait le grand prêtre – ou plutôt le pharaon – de la couture.
Un vestige du passé pour mieux habiller l’avenir. La collection Métiers d’art 2019 ne se contente pas de rendre hommage : elle fait revivre l’Égypte antique à travers la précision du geste, l’intelligence du style, et la puissance évocatrice de l’artisanat.
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