Samir Kerzabi : du coup de crayon au triomphe international

Lors de notre rencontre avec Samir Kerzabi en 2014, il nous racontait comment, enfant, il adorait dessiner, puis il eut l'idée de transformer les chutes de tissu de sa grand-mère en esquisses de karakou.

Le déclic pour la mode m'est vraiment venu des films d'époque aux décors somptueux. La première fois que j'ai réalisé un karakou, j'ai réalisé des moulages sans aucun patron puis je les ai assemblé pour former une veste. Au sein de mon entourage, ce karakou a eu un succès que je n'aurais jamais imaginé. Sous l'impulsion de mes proches qui étaient persuadés de mon don inné pour la création de mode, j'ai décidé de me lancer dès 1990.

Concernant son travail, il ajoute :

J'ouvre ma boutique sur l'Avenue de Choupôt en 2004. Je suis entouré d'une petite équipe composée de perleuses, de brodeuses ou de modélistes qui travaillent pour moi. Moi je m'occupe de l'assemblage et de la coupe. Je tiens à signaler que je crée mes propres dessins de broderies.

Aujourd’hui, ce rêveur autodidacte est devenu un ambassadeur de la mode algérienne sur les plus grandes scènes mondiales. Sa collection "Hedera", présentée lors de la Milan Fashion Week "FW23" et reprise en vidéo virale sur TikTok, témoigne de cette évolution fulgurante.

Les premiers pas : la passion au service du patrimoine

Dans son atelier d’Oran, Samir conservait précieusement les moules de son tout premier karakou, réalisé sans patron en 1990. Cette pièce avait révélé un sens inné de la coupe et de l’harmonie des fils — une obsession qu’il déclarait lui-même :

« La broderie, on peut la refaire, mais pas la coupe ».

L’expansion à Paris et au-delà

Après l’ouverture de sa boutique sur l’avenue de Choupôt en 2004, Samir a multiplé les collaborations et fait découvrir le "luxe berbéro-mauresque" à une clientèle internationale. Sa maîtrise des tissus nobles — dentelle, velours, soie sauvage — et des ornements précieux comme les cristaux Swarovski a bâti sa réputation.

Hedera : un hymne à l’élégance naturelle

En janvier 2025, Samir a dévoilé "Hedera", une collection inspirée par la nature et la femme algérienne moderne. Broderies « Fetla » en fil d’or et perles délicates recréent l’empreinte du patrimoine, tandis que des coupes contemporaines soulignent la silhouette. Partagée sur son Instagram officiel, chaque création a suscité l’admiration de milliers d’abonnés.

De l’Oranie à Montréal : l’expansion mondiale

En avril 2025, Samir a organisé à Montréal le tout premier défilé de mode algérien au Canada, salué sur Facebook et confirmé son rôle de pont entre cultures. Entre les podiums de Milan et les soirées à Oran où Lila Borsali portait sa haute couture, son nom résonne désormais bien au-delà du Maghreb.

Un créateur tourné vers l’avenir

Aujourd’hui, Samir Kerzabi ne se contente plus de recréer le passé : il réinvente la tradition. Son défi reste de concilier authenticité et modernité, en utilisant des techniques artisanales et des inspirations venues de l’Antiquité (ottomane, grecque, égyptienne) pour concevoir des pièces qui parlent aux femmes d’aujourd’hui.

Il ne s'inspire pas seulement de l'Antiquité :

La nature est ma principale source d'inspiration. Dieu a créé une nature extraordinaire qui est une source intarissable d'inspiration. Dieu nous exhorte de contempler la nature pour trouver des idées. Je m'en inspire dans le choix des motifs ou des couleurs. Par exemple, j'aime utiliser le bleu du ciel, la couleur sable, le vert de la nature, le rouge du coquelicot... Aussi, je me base sur le spectre pour associer mes couleurs.

Samir Kerzabi incarne le renouveau de la mode algérienne. Il prouve que le luxe traditionnel peut s’adapter aux attentes contemporaines, et que la voix d’un créateur passionné peut résonner partout dans le monde.