Un jour, elle a écrit comme on jette une bouteille à la mer : « Quand j’écris, j’écris toujours comme si j’allais mourir demain ». C’était ça, Assia Djebar. Une urgence, une brûlure, une voix qui ne voulait plus se taire.
Née en 1936 à Cherchell, cette petite ville battue par les vents de la Méditerranée, elle grandit entre les murs d’une école coranique et les bancs de l’école française. Très tôt, elle comprend ce que cela signifie d’avoir une langue qui ne vous appartient pas tout à fait, et une voix qu’on tente d’étouffer. Mais Assia résiste, et sa résistance passe par les mots.
À dix-neuf ans, elle publie La Soif, son premier roman. Nous sommes en pleine guerre d’indépendance. Une jeune femme écrit, en français, sur l’Algérie, sur ses femmes, sur leurs silences. Et déjà, elle dérange. Elle n’aura de cesse, tout au long de sa vie, de faire entendre les voix que l’Histoire avait mises en sourdine : les femmes enfermées, les mères sacrifiées, les amantes invisibles. Elle les fait parler dans L’Amour, la fantasia, dans Loin de Médine, dans Femmes d’Alger dans leur appartement.
Mais Assia Djebar n’était pas qu’une romancière. Elle était aussi la première femme cinéaste d’Algérie. Avec La Nouba des femmes du mont Chenoua, elle tisse un chant visuel pour toutes celles que la guerre avait dépossédées de leur voix, mais pas de leur dignité. Ce film sera primé à la Biennale de Venise. Une revanche douce, et silencieuse, comme elle les aimait.
Elle est aussi entrée à l’Académie française en 2005. Une première. Une femme algérienne, arabe, musulmane, qui prend place parmi les immortels. Elle ne l’a jamais revendiqué. Elle ne voulait pas être une vitrine. Mais une mémoire. Une cicatrice vivante. Une passerelle.
Peu le savent, mais dans son chemin de femme et d’intellectuelle, elle avait aussi tenté l’expérience de la maternité adoptive. Elle avait recueilli un jeune garçon, espérant sans doute panser une faille intime, une solitude. L’histoire n’a pas connu de fin heureuse. Elle dut, après quelques années, rendre l’enfant à l’assistance. Un geste qui en dit long sur les fêlures silencieuses de cette femme que beaucoup idéalisent, mais que peu ont vraiment comprise.
Assia Djebar est morte en février 2015. Et pourtant, elle continue de nous parler. Ses livres ne vieillissent pas. Ils nous enseignent que la mémoire est un combat, que le féminin est politique, et que les archives du cœur sont parfois plus puissantes que celles de l’État.
Elle est enterrée à Cherchell, sa ville natale, face à la mer. Là où tout a commencé. Là où, peut-être, une autre petite fille lira un jour ses mots et décidera, elle aussi, d’écrire comme si elle allait mourir demain. Pour ne plus jamais se taire.
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