Princesse Zaphira, l’étoffe d’une légende

Dans les méandres oubliés de l’histoire algérienne, un nom résonne comme une étoile filante dans un ciel de silence : Zaphira. Elle fut reine, elle fut résistante, elle fut femme. À une époque dominée par les ambitions coloniales et les luttes de pouvoir, elle s’imposa avec une force rare, tissant son destin dans les marges du récit officiel.

Zaphira, l’étoffe d’une légende

Dans les méandres oubliés de l’histoire algérienne, un nom résonne comme une étoile filante dans un ciel de silence : Zaphira. Elle fut reine, elle fut résistante, elle fut femme. À une époque dominée par les ambitions coloniales et les luttes de pouvoir, elle s’imposa avec une force rare, tissant son destin dans les marges du récit officiel.

Une femme dans l’œil du cyclone

Fille d’un noble de Ténès, Zaphira grandit dans un monde où les alliances se négociaient autant par l’épée que par le mariage. Elle devint l’épouse d’Hussein Dey, dernier dirigeant de la régence d’Alger, mais refusa de n’être qu’un ornement dans l’ombre d’un homme. Elle observait, elle écoutait, elle comprenait les tensions qui annonçaient la fin d’un monde.

L’arrivée de Zaphira dans un royaume menacé

Vers 1510, alors que les côtes algériennes sont sous la menace espagnole, la ville d’Alger cherche un sauveur. Selim Eutemi, seigneur de la Mitidja, est appelé à la rescousse. Il s’installe dans la cité avec son épouse Zaphira, femme d’une beauté saisissante et d’une noblesse reconnue, et leur jeune fils. Mais Selim ne peut contenir l’avancée espagnole. Il fait alors appel à Aroudj Barberousse, célèbre corsaire turc.

Barberousse, libérateur devenu tyran

Reçu en héros, Barberousse chasse les Espagnols d’Alger, mais révèle bientôt sa véritable ambition : il fait assassiner Selim Eutemi, s’autoproclame souverain d’Alger, et convoite aussitôt la veuve du prince. Zaphira, désormais seule et en deuil, rejette ses avances avec fermeté. Dans une lettre historique, elle accuse Barberousse du meurtre de son mari et refuse toute alliance. Elle y invoque sa foi, sa loyauté, et l’honneur de son peuple. Malgré les menaces, elle ne plie pas.

La résistance tragique de Zaphira, princesse d'Alger

Furieux, Barberousse monte une mascarade : il fait exécuter de faux coupables pour se blanchir. Mais Zaphira reste inflexible. Il tente alors de la contraindre. Dans un dernier acte de résistance, elle le blesse, puis choisit la mort plutôt que l'humiliation. Selon les récits, elle aurait avalé du poison. En représailles, le tyran fait tuer ses servantes et les fait enterrer avec elle.

Portrait d’une reine d’Algérie

Née dans une noble lignée, Zaphira possédait une beauté grave, éclairée par l’âme du désert et la douceur des jardins andalous. Ses yeux noirs reflétaient l’intelligence et la fierté d’un peuple libre. Son port altier, sa parole mesurée, sa fidélité à ses valeurs ont laissé une empreinte indélébile.
Cultivée, éduquée dans les arts et la diplomatie, Zaphira alliait la force à la grâce, la parole à la retenue. Face aux ambitions des hommes et à la violence de l’époque, elle refusa le silence complice. Elle préféra la solitude à la compromission, la vérité à la peur, l’honneur à la survie.

Silencée, mais jamais effacée

Le nom de Zaphira fut vite gommé des chroniques coloniales, comme pour effacer l’idée même d’une femme capable de tenir tête à l’Histoire. Et pourtant, son souvenir a survécu dans la mémoire populaire, transmis en chuchotements de mères en filles, gravé dans l’âme des femmes libres.

Pourquoi Zaphira nous inspire encore

Zaphira n’est pas qu’un personnage du passé : elle est une figure de courage, une énigme, une muse. Dans un monde où la voix des femmes a longtemps été étouffée, elle incarne cette force tranquille et insoumise que rien n’abat tout à fait.

Son nom est aujourd’hui revendiqué, brandi, recréé. Parce qu’il symbolise la possibilité d’écrire sa propre légende, même dans l’adversité. Parce qu’il rappelle que l’élégance peut aussi être un acte de résistance. Aujourd’hui, Zaphira la princesse d’Alger inspire une nouvelle génération de femmes algériennes fières de leur histoire. Son nom mérite de briller parmi les grandes figures féminines de l’histoire du Maghreb.

"La Dernière Reine" : un film en hommage à Zaphira

Sorti en salles en 2023, La Dernière Reine d’Adila Bendimerad et Damien Ounouri a marqué un tournant dans le paysage cinématographique algérien. Récit historique audacieux, porté par une réalisation soignée et une héroïne puissante, le film s’impose comme un geste fort, mêlant mémoire, résistance féminine et ambition artistique. Une œuvre qui questionne autant qu’elle fascine — à voir absolument.

Et si c’était vous ?

L’histoire de Zaphira, une femme confrontée à un système implacable et à une situation délicate, soulève de nombreuses questions. Il n’est pas toujours évident de se projeter dans la peau d’une figure historique aussi éloignée de notre époque. Si vous étiez à sa place, comment auriez-vous réagi face à la pression, aux accusations, et à la justice implacable ? L’impact psychologique et social est indéniable, et chacun de nous peut se retrouver à réfléchir sur ses propres limites et ses choix dans des moments de crise. Nous vous invitons à partager vos réflexions et à engager le débat : quelles seraient vos actions, vos décisions, et vos stratégies de résistance dans une situation aussi complexe ?