Comme Fatima, de nombreuses femmes en Algérie et dans le monde affrontent le flou médical et l’incompréhension. L’endométriose, qui touche environ 1 femme sur 10 en âge de procréer, est une pathologie gynécologique chronique, encore méconnue et souvent détectée tardivement. Elle provoque des douleurs intenses, des troubles digestifs, de la fatigue chronique, et affecte parfois la fertilité.
Chaque mois, la muqueuse utérine (endomètre) se développe, puis s'évacue avec les règles. Chez certaines femmes, cette muqueuse migre hors de l’utérus (ovaires, trompes, vessie, intestin...), provoquant des inflammations, kystes et adhérences. Un phénomène douloureux et difficile à vivre au quotidien.
En Algérie, les spécialistes restent rares et les chiffres officiels manquent. Pourtant, la réalité est bien présente. « On ne m’a jamais crue. Les médecins disaient que c’était psychologique. J’ai fini par croire que j’étais faible », raconte Warda, 29 ans, originaire de Tizi Ouzou.
En Algérie, de nombreuses patientes rapportent être renvoyées chez elles avec un simple antalgique. Le manque de formation du personnel soignant est réel. Selon le Dr. Mourad A., gynécologue à Oran, « l’endométriose est mal connue, y compris dans nos facultés de médecine. »
Le diagnostic passe par une échographie endovaginale, parfois complétée par une IRM pelvienne. Mais peu de radiologues algériens sont formés pour repérer les lésions. Il n’existe pas encore de centre spécialisé comme en France, mais certaines cliniques privées à Alger ou Constantine commencent à proposer des parcours de soins adaptés.
L’endométriose ne provoque pas systématiquement l’infertilité. D’après plusieurs experts, seuls 40 % des cas entraînent des difficultés à concevoir. En Algérie, de plus en plus de femmes se tournent vers la PMA à l’étranger, faute de structures spécialisées.
Le tabou commence à tomber. Des collectifs de patientes se forment sur les réseaux sociaux, comme le groupe Facebook « Endo Dz » qui regroupe plus de 4 000 membres. Des journées de sensibilisation sont aussi organisées à l’université de Blida et à l’hôpital Mustapha d’Alger.
La recherche avance. En France, un test salivaire expérimental (Endotest) est en cours d’évaluation pour détecter la maladie plus tôt. Au Royaume-Uni, le dichloroacétate, molécule non hormonale, est à l’étude pour réduire les douleurs. En Algérie, les espoirs reposent sur une meilleure formation des médecins et la création de centres régionaux de dépistage.
Pour qu’une femme sur dix ne souffre plus dans le silence, il faut briser le tabou, accélérer les diagnostics et offrir des parcours de soins dignes. En Algérie aussi, la révolution de la prise en charge de l’endométriose est urgente.
Et vous ? Avez-vous vécu ou connaissez-vous une femme concernée ? Parlez-en. Une parole partagée peut changer une vie.
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